Saint-Gervais Le prix Naissance d’une œuvre récompense deux romanciers 

Cette année, le prix Naissance d’une œuvre se partage entre deux romanciers : Nicolas Le Nen et Laurent Binet.

Laurence Viénot, fondatrice du prix, entourée des deux lauréats Nicolas Le Nen ( Armistice) et Laurent Binet ( Perspective(s)), à Saint-Nicolas-de-Véroce. Atelier Photo Boris Molinier Victor Dubois 

Mercredi 29 mai à Saint-Nicolas-de-Véroce, dans l’annexe de l’hôtel Armancette mise à disposition par son propriétaire Vincent Gombo, le prix Naissance d’une œuvre, doté de 20 000 euros, a été partagé, pour sa 3 édition, entre deux auteurs : Laurent Binet pour son roman Perspective(s) (éd. Grasset) et Nicolas Le Nen pour Armistice (éd. Du Rocher). Les mystères de la création artistique évoqués au cours d’une enquête policière pour l’un, les ressorts du courage moral et physique dans l’adversité d’une bataille pour l’autre.

« Le prix récompense un quatrième ou cinquième roman d’un auteur en devenir, à une étape charnière de sa carrière d’écrivain. Après le septième ouvrage, l’écrivain est “installé”. Le prix reconnaît la persévérance de ceux qui construisent, livre après livre, une réflexion, une écriture, ce qu’on nomme une œuvre. Sont sélectionnés des romans qui font la part belle à l’imagination et au style ». Laurence Viénot, fondatrice du prix, passionnée de littérature, définit ainsi la démarche sur laquelle est fondée la sélection d’une trentaine de livres, lus par 45 lecteurs qui en sélectionnent quatre. 

Le jury de dix personnes (six femmes et quatre hommes) a départagé les quatre finalistes de 2024. Hormis les deux lauréats, il y avait aussi Caroline Deyns pour MURmur (Quidam) et Akira Mizubayashi pour Suite inoubliable(Gallimard).

Deux visions

« Armistice part de mes lectures de jeunesse sur la guerre d’Indochine. L’armistice, ce n’est plus la guerre, pas encore la paix. Les trois personnages de mon roman sont dans cet entre-deux. Ils sont dans la culpabilité et dans l’héroïsme. En fonction de la façon dont on veut vivre les combats, on peut être aussi bien un héros qu’un salaud, d’où l’entre-deux permanent, entre la rédemption et la damnation. Un soldat qui fait la guerre cherche en permanence cette armistice avec lui-même. C’est l’essence du livre », explique Nicolas Le Nen.

« Il y a deux types d’artistes : Les Proust et les Kubrick. Ceux qui creusent toujours le même sillon et écrivent un seul et même livre toute leur vie, tel La recherche. Et ceux qui changent de genre à chaque fois […] J’appartiens visiblement à la catégorie des Kubrick, et pourtant il y a un fil rouge dans mon œuvre, et ce fil rouge est manifestement l’histoire, ou plus exactement l’articulation entre l’histoire et la littérature, entre le réel et la fiction, que j’essaye d’envisager à chaque fois sous un angle différent. Je fais donc ce qu’on appelle des romans historiques ». C’est la Perspective(s) que donne Laurent Binet de son œuvre.

Laurence Viénot annonce aussi la formation du club des lauréats du prix Naissance d’une œuvre, qui comprend déjà Michel Jullion, Gilles Marchand, Laurent Binet, Nicolas Le Nen.

Par Odile Pierquin